Retour sur la Rencontre départementale au ChAntier
Vendredi 14 avril 2023, à l’occasion du 1er jour de son festival “Enchantillages”, le Théâtre Buissonnier a reçu chez lui, au ChAntier à Nogent-le-Rotrou, le Réseau Jeune Public au Centre pour sa Rencontre départementale en Eure-et-Loir, le Réseau Enfance et Musique et bien d’autres participants… Le Théâtre Buissonnier avait choisi le sujet suivant : “Accompagner l’enfant au spectacle : petits bonheurs et grandes difficultés”.
Un spectacle de la Compagnie À 3 branches (72), un temps d’échanges puis un temps de travail autour de l’accompagnement du jeune enfant au spectacle étaient programmés… afin d’échanger autour de cette “parenthèse” – à la fois enchantée et parfois redoutée – que peut représenter le spectacle pour l’enfant et son parent ou accompagnant.
Au programme
SPECTACLE “TUIK TUIK PHILOMELE”, COMPAGNIE À TROIS BRANCHES
Le site internet de la Compagnie
PRESENTATION DE LA JOURNEE, DU FESTIVAL ET DU RESEAU
La fiche Actus du Réseau Jeune Public au Centre
TEMOIGNAGES
Pascaline Denis (La Générale des Mômes, 37), Véronique Pré (Auxiliaire de puériculture au Carroussel, 28), Marie-Sophie Richard (Théâtre Buissonnier, 28), Nathalie Van Cappel (Not’Compagnie, 28) – Modération : Agnès Chaumier, Enfance et Musique
INTERVENTION DE VERONIQUE PRE
La venue au spectacle est toujours une appréhension pour l’adulte, parent, accompagnant… Premièrement, car le trajet est déjà une étape cruciale. La préparation peut être importante, si l’on tient compte du temps de trajet, de la recherche des accompagnants, voire d’un véhicule, etc. Deuxièmement, car il y a des attendus du côté de l’adulte et car il se sent parfois responsable des réactions de l’enfant.
En fin de compte, cette appréhension n’est pas présente au préalable chez l’enfant et c’est principalement la confiance entre adultes, un enchaînement de confiance, qui détermine que cela se passe bien.
INTERVENTION DE PASCALINE DENIS
Afin d’anticiper la parenthèse que sera le spectacle, La Générale des Mômes préconise de créer comme un sas avant spectacle, qui peut être un espace confortable et sécurisant qui ne soit déjà plus comme le dehors, et ce pour déjà transporter l’enfant dans un ailleurs.
À La Générale des Mômes, les enfants et les adultes sont toujours accueillis par 3 personnes de l’équipe. Les membres de l’équipe prennent alors le temps de l’installation et de donner les consignes, car ces temps sont considérés comme le garant du bon déroulement du spectacle. Le fait de donner quelques consignes au préalable permet par ailleurs de faire en sorte que les adultes deviennent plus spectateurs qu’accompagnants.
Lorsque cela est possible, des actions de médiation sont proposées aux structures une semaine après le spectacle. Cela permet de rouvrir la parenthèse, de l’étirer et ainsi d’ancrer véritablement le spectacle dans le quotidien.
INTERVENTION DE NATHALIE VAN CAPPEL
Pour la Not’Compagnie, il est également important d’organiser comme un “sas” avant et un “sas” après ; il peut prendre différentes formes et être plus ou moins long. Il est par ailleurs fondamental de verbaliser certaines consignes afin de faire en sorte que l’adulte ne reste pas dans le contrôle. Cela passe par beaucoup de douceur, d’attention et, notamment, le fait de demander à ce que l’enfant et l’adulte enlèvent leurs chaussures avant le spectacle.
TEMPS D’ECHANGES EN PETITS GROUPES
“Bien vivre le spectacle : avant, pendant et après“
● Ce temps de l’”avant” peut être pensé dès le moment de la programmation du spectacle.
● Les préconisations et consignes peuvent apparaître dès la brochure puis énoncés avant le spectacle.
● Une sorte de “sas” d’avant spectacle peut être proposé aux enfants, sans évidemment être imposé.
● Créer une zone intermédiaire, entre la zone publique et la zone du dehors, peut être une solution pour les enfants qui auraient besoin de s’isoler sans pour autant quitter la salle.
● Énoncer les consignes peu avant le début du spectacle permet de poser les bases du bon déroulé du spectacle.
● Identifier par un signe distinctif l’équipe d’accueil et d’encadrement peut faciliter l’accompagnement des adultes.
● L’artiste peut désamorcer certaines craintes ou comportements des enfants par son adresse.
● Un autre “sas” d’après spectacle peut être proposé ; différentes formes sont possibles (goûter, action de médiation…).
● Un dossier pédagogique peut faciliter l’organisation d’un “après” (bibliographie, petites activités…)
● Un carnet du jeune spectateur peut être une piste à explorer.
● Le “après” peut avoir lieu tout de suite après le spectacle, sous forme de bords plateau ou de petit atelier.
Synthèse de la journée
À la fin de la journée, les participants se sont accordés sur le fait, qu’en matière de spectacles Jeune Public, il n’y a pas de “il faut”. Il existe simplement quelques bonnes pratiques “avant”, “pendant” et “après” qu’il peut être bon de questionner/réinventer et qui permettent de faciliter l’expérience du spectacle, aussi bien pour les enfants que pour leurs accompagnants.
Car, finalement, il s’agit bien d’une expérience vécue pour soi mais surtout vécue collectivement qui nous rend toutes et tous toujours plus vivants !
Quelques “grandes petites” phrases de la journée
“En tant qu’adulte, on va au spectacle pour son enfant ou pour l’enfant que l’on accompagne, donc on y va pour quelqu’un d’autre. C’est très particulier d’aller au spectacle pour quelqu’un d’autre !”
– Agnès Chaumier, Enfance et Musique
“J’espère réussir à faire en sorte que les adultes se sentent libres. Pour cela, je leur demande d’enlever leurs chaussures avant le spectacle. Les adultes sont différents lorsqu’ils n’ont pas leurs chaussures.”
– Nathalie Van Cappel, Not’Compagnie (28)
“L’accueil idéal (des jeunes spectateurs) a bien souvent traversé, au préalable, beaucoup d’écueils.”
– Pascaline Denis, la Générale des Mômes (37)
“L’enfant doit être replacé au cœur de nos préoccupations, et non de notre projet artistique ou culturel.”
– Agnès Chaumier, Enfance et Musique